Naviguant de site en site, je suis tombée sur un ouvrage de Catherine Baker, « Pourquoi faudrait-il punir »,
( ICI pour ceux que ça intéresse)
dont voici un extrait :
LA COUR ET LE JURY VOUS CONDAMNENT À LA PEINE DE VINGT ANNÉES DE RÉCLUSION CRIMINELLE.
Ce qui signifie :
Vous êtes condamné à vous mettre nu aussi souvent qu’on le jugera nécessaire pour être fouillé à corps, à montrer votre anus aux surveillants chaque fois qu’ils l’exigeront dans le cadre de leurs fonctions.
Vous êtes condamné à vous soumettre nuit et jour à leurs volontés. Vous obéirez à tous les ordres, même à ceux qui vous sembleront ineptes ou uniquement mortifiants.
Vous êtes condamné à demander la permission pour tout.
Vous êtes condamné à vous tourmenter incessamment pour vos proches, sachant que vous n’apprendrez jamais que ce qu’on voudra bien vous dire.
Vous êtes condamné à être dépouillé de tout ce que vous possédiez, à n’avoir que de rares objets personnels qu’on peut vous retirer à tout moment.
Vous êtes condamné à ne plus disposer de votre temps, de votre avenir, de vos projets.
Vous êtes condamné à ne manger qu’une nourriture autorisée ; une fois par an à Noël, sous certaines conditions, si vous avez de la famille, vous aurez le droit de faire entrer des denrées de l’extérieur.
Vous êtes condamné à tout attendre : le courrier, les visites qui se feront de plus en plus rares, l’audience demandée au directeur, la consultation à l’infirmerie, le transfert de la centrale en centre de détention, le jour lointain en fin de peine où vous pourrez espérer une permission, l’aléatoire libération conditionnelle, la sortie. Cette vie d’attente vous rongera.
Vous êtes condamné à ne plus faire l’amour, à être séparé de l’être que vous aimez.
Vous êtes condamné à vivre votre jeunesse dans la hargne, au milieu d’individus désespérés, irascibles, déséquilibrés qui n’ont goût à rien et vous décourageront avec obstination d’entreprendre quoi que ce soit.
Vous êtes condamné à vivre votre désastre sans la consolation de personne ; si vous sombrez dans la dépression, vous serez con- damné à prendre des cachets jusqu’à ce qu’on obtienne de vous l’abrutissement voulu. Vous n’aurez aucun contrôle sur votre santé.
Vous êtes condamné à ne pas voir grandir vos enfants, à être déchu de vos droits parentaux.
Vous êtes condamné à être coupé de la nature ; votre ciel sera tendu de gros filins contre les rêves d’évasion par hélicoptère.
Vous êtes condamné à vivre sans surprise ni beauté une vie rigoureusement monotone. Vous êtes condamné à l’insignifiance de chacun de vos jours.
Vous êtes condamné à ne pas revoir votre mère ou votre père à ses derniers instants.
Vous êtes condamné à avoir peur de tous, des surveillants violents ou alcooliques, des délinquants pervers ou devenus forcenés. Cette peur vous rendra lâche. Vous en aurez honte.
Pour ce que je connais de la prison, je pense pouvoir dire que ceci est exact mais pas nécessairement exhaustif.
Il est communément admis qu'une double peine est à proscrire.
Que penser d'une peine qui se décline en au moins 16 autres (si j'ai bien compté) ?