C'est en voyant le film de Jacques Audiard, « Un Prophète », que j'ai pris conscience que la prison pouvait devenir véritablement un espace de non droit.
Alors qu'on y met des personnes ayant transgressé les lois de notre société, supposées y purger une peine pour ensuite être réintégrées, on regroupe, derrière ses murs, des gens qui forment une micro société régie par des règles non écrites mais incontournables. Ces règles, très différentes de celles communément admises, résultent certainement de la très forte concentration d'une population dont un grand nombre rejette délibérément nos codes de moralité et n'a généralement plus aucune véritable perspective d'avenir. On y trouve tout un ensemble de principes parmi lesquels une vision particulière de la virilité, du courage, de l'honneur, de la loyauté … mettant en grand danger les plus faibles, physiquement ou moralement, les plus démunis, d'argent ou de relations, les plus rejetés, en particulier ceux, nommés « pointeurs », qui ont été accusés d'abus sexuels. La violence dont ils sont victimes n'est pas qu'une fiction comme en témoigne, par exemple, un récent article du journal « Sud Ouest ».